Près de 65.000 tonnes d’eau se serait stockée sous le glacier de la Tête-Rousse dans le massif du Mont Blanc, près de Saint Gervais. Des chercheurs du CNRS viennent de révéler l’information. Un phénomène naturel rare mais qui permet de nous remémorer la terrible catastrophe de 1892 liée à l’explosion d’une poche d’eau similaire qui s’était transformée en « lave torrentielle ».
Cette annonce du CNRS provoque l’émoi au sein du village de Saint-Gervais. Les chercheurs ont en effet indiqué qu’une poche d’eau de plus de 65 000 m3 s’était formée sous le glacier de la Tête-Rousse. Des opérations de pompage à la verticale entre août et octobre ont été planifiées afin d’éviter d’éventuelles inondations. Selon le préfet de Haute-Savoie, Jean-Luc Videlaine, il est difficile d’estimer quand un déclenchement se produira. « Cela peut très bien rompre maintenant, dans 100 ans ou dans 1000 ans »(Le Figaro). L’État vient donc de débuter des travaux de sécurisation du glacier de la Tête-Rousse afin d’éviter une éventuelle rupture.
Une lave torrentielle est essentiellement un mélange d’eau, de sédiments fins et d’éléments rocheux, de diverses grosseurs, depuis les graviers jusqu’aux rochers énormes. L’eau et les sédiments fins forment une boue d’une densité suffisante pour la mise en suspension et l’entraînement des éléments rocheux. Cette boue, appelée matrice, peut atteindre une densité élevée (1,8 à 2,2 t/m3) et déplacer des blocs de plusieurs tonnes.
On se souvient à titre d’exemple des terribles dégâts liés aux laves torrentielles en août 1995 en Suisse. D’importantes précipitations sur le bassin versant du Nant du Pissot avaient provoqué une crue de laves torrentielles par saturation et liquéfaction des sols meubles dans le lit du torrent. Environ 50000 m3 de matériaux avaient été mobilisés en coulées successives et déposés sur le cône de déjection du torrent, coupant l’autoroute A 9, touchant la zone industrielle de Villeneuve et détruisant 19000 m2 de surface viticole.
