Le refuge de l’Aigle dans le massif des Ecrins sonne comme un nom grandement chargé d’histoire. En effet ce refuge situé au pied de la Meije (3983m) constituait le dernier refuge en fonctionnement « à l’ancienne » des Alpes françaises. Depuis sa construction, en 1910, le bâtiment avait subi les outrages du temps et des tempêtes. Sa construction en bois le rendait très vulnérable à un incendie et en pleine saison (printemps, été), ses 18 places étaient devenues insuffisantes pour répondre à la demande : 1 100 à 1 200 nuitées sont enregistrées chaque année avec des pics de fréquentation à 30 ou 38 personnes.
Aujourd’hui, le refuge ne répondait plus aux exigences de sécurité et sa rénovation était devenue une nécessité. Depuis 2003, des études et réflexions ont été engagées pour définir un projet qui respecterait les lieux et son environnement.
Un premier projet de rénovation avait suscité des oppositions et depuis trois ans, tous les acteurs du dossier avaient pu s’exprimer au sein du comité de pilotage réuni sous la conduite de François Gillet, chargé d’une médiation à la demande du Comité de massif des Alpes.
Ces discussions avaient permis d’orienter le projet faisant une synthèse des attentes tant en matière de préservation du refuge et du site que de son adaptation aux besoins d’aujourd’hui. Le Parc national des Ecrins accompagne la démarche.
Lors du dernier salon de l’aménagement de la montagne à Grenoble, le nouveau refuge de l’Aigle a accueilli une délégation d’élus locaux et de partenaires de ce projet. Sur le site, à 3440 mètres d’altitude, le chantier se prépare également pour son installation à partir de début juin.
Le nouveau refuge de l’Aigle est en cours d’assemblage au parc des expositions de Grenoble et a pu être visible lors de ce salon. Les amateurs ont pu découvrir ce refuge dans sa configuration définitive avec ses équipements intérieurs et sa parure finale.
C’est Jacques Félix Faure, architecte et concepteur du projet, qui a conduit cette visite, après avoir rappelé quels étaient les besoins exprimés par la FFCAM, maître d’ouvrage du projet. L’architecte a expliqué comment se sont opérés les choix, sans oublier l’objectif constant de conserver la mémoire du refuge par l’intégration dans sa conception de sa structure bois d’origine.
Le projet est caractérisé par la conservation du rapport du bâti au site du piton de l’Aigle. Ainsi, la modestie de son architecture et de son volume unitaire est inspirée de l’ancien refuge, par le simple accroissement homothétique dans les trois dimensions.
Avec une préfabrication en vallée et un assemblage sur site, le principe constructif évoque également celui de l’ancien refuge. Il renouvelle le parti pris initial avec une structure bois contemporaine traduisant les techniques « bois » les plus modernes Le bâtiment sera revêtu d’une seconde peau métallique, renforçant ainsi l’approche thermique innovante du projet.
Début juin, après quelques modifications et mises au point, le refuge trouvera sa place définitive sur le site initial de l’ancien abri, sur le rocher de l’Aigle.
source: ecrins-parcnational.fr | kairn.com