Nous venons de sortir de la saison d’hiver 2010-2011 (l’hiver « météorologique » ‘décembre-janvier-février’) et celui-ci a été caractérisé par plusieurs éléments peu habituel au cours des derniers hivers.
Tout d’abord cet hiver a été globalement très sec en montagne, mais également doux, voire chaud en Europe de l’Ouest au regard des moyennes saisonnières observées par les différents instituts d’observations météorologiques.
Si l’hiver avait plutôt bien débuté dès le mois de novembre avec des températures froides, décembre 2010 a été marqué avec une anomalie de -3°C par rapport à la normale ponctué par trois vagues de froid successives et une importante chute de neige à tous les étages dès le début du mois.
Cependant dès mi-janvier, les températures moyennes ont été souvent au dessus des normales de saison, avec des épisodes de douceur marqué et une pluviométrie en berne.
Février fut particulièrement exceptionnel, MétéoFrance mentionne dans son bilan de l’hiver 2010-2011 les points suivants:
Les températures moyennes ont été quasiment partout supérieures aux normales mensuelles. L’écart a dépassé 2 °C de la Bretagne au Nord, sur les Cévennes et les Alpes. La moyenne mensuelle est supérieure à la normale de 1,2 °C .
Les cumuls des précipitations ont été déficitaires sur la quasi-totalité du pays, tout particulièrement sur le Nord-Est, le Languedoc et les Alpes où, par endroits, ils ont peiné à atteindre 20 % de la valeur normale. Des excédents atteignant une fois et demie à deux fois la normale ont été enregistrés sur la Côte d’Azur.
Le graphique ci-dessous exprime la température de la saison hivernale en Suisse de 1865 à 2011 et les écarts par rapport à la norme 1961-1990. L’excédent thermique au cours de l’hiver 2010/2011 est de 0,4 degré. Les hivers trop doux apparaissent en rouge, les hivers trop froids sont en bleu. La ligne noire montre une moyenne pondérée sur 20 ans.
Globalement sur les Alpes du Nord il ne tomba qu’entre 30 et 70% des précipitations normalement relevées en hiver, notamment en Valais et sur les Massifs des Préalpes (Chablais, Aravis, Bornes, Bauges).
Dans les autres régions alpines, on releva de 50 à 80% de la norme. Sur les régions de plaine du Nord des Alpes, ainsi qu’au Sud des Alpes, seul le mois de décembre connut des précipitations excédentaires.
Les causes de cet hiver très particulier ?
Le coupable de tout ça serait, semble-t-il, le courant marin « La Niña« .
La Niña se caractérise par des températures océaniques inhabituellement basses dans la zone centrale et orientale du Pacifique équatorial. El Niño, à l’inverse, se caractérise par des températures océaniques inhabituellement élevées.
Ces deux manifestations du même phénomène peuvent perdurer 12 mois ou plus et perturber la configuration habituelle des précipitations ainsi que la circulation atmosphérique aux latitudes tropicales. Les répercussions climatiques se font alors sentir sur tout le globe en créant des déséquilibres notoires.
Après un El Niño marqué en 2009/2010, La Niña s’est développée dans le centre et l’Est du Pacifique tropical où les températures de surface de la mer ont été en moyenne inférieures de 1,5°C à la normale. La température de l’eau sous la surface enregistrée dans cette zone a été inférieure à la moyenne de 1 à 5°C jusqu’à une profondeur de 150 mètres.
MétéoFrance a fait le bilan de La Niña au mois de Janvier dernier et mentionnait:
Les manifestations atmosphériques de cet épisode La Niña (net renforcement des alizés, forte réduction de la nébulosité et pression au niveau de la mer anormalement basse) sont très marquées. Cet épisode serait ainsi l’un des plus puissants du siècle écoulé.
La Niña a belle est bien faibli dans les mois qui ont suivis, mais notre saison, montagnarde, aura été quelque peu bousculée par cet « épisode marin ».
Ce qui est remarquable, c’est la puissance « jamais vue » du phénomène, très symbolique du changement climatique en cours depuis quelques décennies.
Tout le monde ne subit pas les mêmes effets de La Niña, en effet les épisodes de La Niña provoquent également des conditions inhabituellement fraîches sur certaines régions. Les températures sont ainsi inférieures à la normale de décembre à février sur le Japon, le Sud de l’Alaska et les parties occidentales et centrales du Canada. Ces régions montagneuses ont d’ailleurs été exceptionnellement enneigée cet hiver encore.
Alors cet article n’a pas lieu à chercher à tirer des tendances pour l’avenir, ni même de faire dans le catastrophisme climatique, mais je me posais certaines petites questions sur les causes d’une si longue période sèche au cours de notre dernier hiver et des éventuelles phénomènes climatiques qui pouvaient influencer notre climat.
Si des passionnés de météo souhaitent compléter ce billet, les commentaires sont bien entendu les bienvenus.