L’impact alarmant du réchauffement climatique sur les glaciers des Alpes

L’année 2023 s’annonce à nouveau mauvaise pour les glaciers alpins et particulièrement pour les glaciers suisses. Alors que le printemps démarre, c’est à cette époque de l’année que les scientifiques relèvent les maximums en terme de quantité de neige en haute montagne.

Cette année le manteau neigeux recouvrant les glaciers suisses est inférieur d’environ 30 % à la moyenne des 10 dernières années, a indiqué à l’AFP Matthias Huss, responsable du Réseau suisse de relevés glaciologiques (GLAMOS) et en charge de leur surveillance. Les relevés menés par cette équipe ont été effectués sur une quinzaine de glaciers suisses..

« Cette année les conditions sont assez similaires à l’année 2022 qui avait des pertes de glace record. On a encore une fois très peu de neige », a expliqué le glaciologue suisse dans un entretien à l’AFP.

« Ce n’est pas dans toutes les régions que c’est aussi dramatique qu’en 2022, mais on est quand même fortement sous la moyenne », a-t-il précisé.

Comme le montre la carte ci-dessous, ce sont les glaciers situés dans l’est de la Suisse depuis le haut Valais qui ont le moins bénéficié de chute de neige conséquente, avec parfois des baisses de près de -50% par rapport à la normale.

La perte d’épaisseur cumulée des glaciers depuis 1970 s’élève à près de 30 m. Les Alpes européennes ont battu des records de fonte des glaciers en raison d’une combinaison de faible enneigement hivernal, de l’arrivée de poussière saharienne notamment en mars 2022 et de vagues de chaleur entre mai et début septembre .

La situation des glaciers suisses est particulièrement dramatique. Ils ont perdu 6 % de leur volume de glace entre 2021 et 2022, contre un tiers entre 2001 et 2022. Pour la première fois, aucune neige n’a survécu à la saison de fonte estivale, même sur les sites de mesure les plus élevés, et il n’y a donc pas eu d’accumulation de glace fraîche.

Rapport alarmant de l’Organisation Météorologique Mondiale

Dans le même temps, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies vient de publié son rapport annuel sur l’état du climat mondial. L’OMM met en évidence les changements survenus à l’échelle planétaire sur terre, dans les océans et dans l’atmosphère, causés par les niveaux record de gaz à effet de serre qui piègent la chaleur.

« La partie est déjà perdue pour les glaciers », déplore l’ONU dans ce rapport. Les glaciers ont fondu à une vitesse spectaculaire l’an dernier, un phénomène qui semble pour l’instant impossible à arrêter, alerte l’organisation alors que plusieurs indicateurs du changement climatique affichent des records.

 Le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. a déclaré« la concentration de CO2 est déjà très élevée et l’élévation du niveau de la mer risque de se poursuivre pendant les milliers d’années à venir ». La fonte ne peut être stoppée « à moins de créer un moyen d’éliminer le CO2 de l’atmosphère », a-t-il ajouté.

Et les glaciers français ?

Météo France indiquait dans son bilan de l’hiver 2022-2023, un hiver très peu arrosée mais aussi et surtout un record de températures supérieures à la moyenne pendant près de 14 mois à l’échelle de la France.

Ainsi du côté français, tandis que les épaisseurs de neige étaient proches des records les plus bas tout début mars 2023 (visible sur le graphique ci-dessous), elles étaient à la mi-avril au-dessus des moyennes pour la période vers 3000 mètres comme ici sur le glacier de Bellecôte en Vanoise (73) où l’on relevait 3 mètres au sol. Un mois de mars très arrosé a ainsi permis de rattraper un retard important accumulé en début d’hiver.

Globalement, l’enneigement est donc bon pour la période dès 2000/2300 mètres en fonction des secteurs mais il faudra suivre attentivement l’évolution au cours de l’été 2023.

Conclusion

A l’image du col de Tsanfleuron en Suisse, petite portion de terre qui relie les cantons de Vaud et du Valais à 2800 mètres d’altitude, et qui refit surface à l’été 2022. Ce col était enseveli sous la glace depuis au moins 2000 ans mais il est désormais partiellement libéré, conséquence d’un été 2022 catastrophique pour les glaciers alpins (photo ci-dessous).

La situation des glaciers dans les Alpes est un puissant rappel des effets dévastateurs du réchauffement climatique. Les statistiques précises mettent en évidence la rapidité à laquelle ces glaciers disparaissent, la diminution de leur surface et la perte de leur masse.

Il est impératif que des mesures concrètes soient prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les effets du changement climatique. La préservation des glaciers alpins est cruciale non seulement pour la beauté naturelle de la région, mais aussi pour la survie des écosystèmes. Selon les estimations, les glaciers ont perdu en moyenne près de 1 mètre d’épaisseur chaque année au cours des deux dernières décennies.

Cette diminution de la masse des glaciers a un impact direct sur les ressources en eau, car elle réduit la disponibilité d’eau douce dans les régions environnantes.

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