L’automne aura été chaud et sec mais au moins quelques bons films de ski auront eu le mérite de nous rappeler le long hiver 2018 dont nous avons bénéficié. Parmi ces réalisations, le film Sk’e-Bike de Timy Théaux m’a interpellé avec un concept assez sympa mixant le VTT électrique et le ski de randonnée.
L’objectif : atteindre les plus beaux couloirs du massif de la Vanoise au début du printemps. De longues marchent d’approches rendent inaccessibles aux randonneurs la plupart de ces couloirs au cours de l’hiver. Mais le printemps venu, les chemins de fond de vallée se déneigent et rendent ces approches possibles. C’est là où le VTT électrique ou e-Bike permet à Timy Théaux, Flo Arthus, Jérémy Prévost, Kevin Guri, Arthur Bertrand, accompagnés du duo de Bon Appétit, d’atteindre 5 couloirs reliant les plus grandes stations de Tarentaise.
Au travers d’un périple de plusieurs jours, la bande à Timy nous emmène skier le Mollard des Bœufs, Grand Perron des Encombres, l’Aiguille des Corneillets, l’Aiguille du Fruit et enfin la Brèche Portetta. Une boucle de 5 jours qui relie Saint Martin de Belleville à Bozel en passant par le domaine VTT des 3 Vallées majoritairement.
J’ai eu la chance de skier deux fois avec Timy Théaux lors d’évènements de la marque Salomon et l’ai croisé cet automne lors de la Séance Freeski de Bon Appétit, j’en ai profité pour lui poser quelques questions sur son film.
Interview
Timy, comment t’es venue cette idée de film ?
J’avais un couloir en tête depuis longtemps dans la vallée des Belleville: le Mollard des Boeufs, mais en hiver son accès est compliqué. L’approche est très longue et il n’y a pas de refuge pour couper l’itinéraire en deux. Du coup il y a deux ans, au printemps je suis allé l’essayer en prenant mon VTT. Le test a fonctionné car j’ai pu skier ce couloir mais à la montée avec tout mon matos de ski sur le VTT j’en ai vraiment trop bavé. C’est au moment où les VTT à assistance électrique commençaient à se développer, je me suis dit alors que c’était l’outil idéal pour partir à l’assaut des couloirs en bonnes conditions au printemps. L’intersaison m’a permis de mûrir un projet et de me rendre également compte que les e-bike nous permettraient de descendre jusqu’en bas des vallées en mode enduro et donc d’assouvir nos 2 passions en une seule descente : magique ! Le temps de ficeler des parcours intéressants pour les 2 univers, couloirs en ski et single en VTT, le tout en traversant les 3 Vallées, et Sk’e Bike a débuté en mai dernier.
As-tu eu du mal à convaincre tes potes à s’embarquer dans une telle mission ?
Non pas vraiment car tous sont des skieurs pro et certains font aussi du VTT à bloc l’été, donc l’idée d’associer les deux pratiques dans une même journée les branchait grave. Après par contre ils ne savaient pas vraiment avant d’attaquer ce qui les attendaient en termes de dénivelé, kms, parcours…
Quelles ont été les conditions rencontrées lors de ces 5 jours ?
Les conditions au printemps dernier ont été difficile, peu de journées de beau temps et peu de regel jusqu’à 3000m d’altitude. On a skié uniquement de la neige de printemps. Pas grave, notre but était le plaisir du combo et de l’aventure. De l’autre côté, la neige a été hyper abondante tout l’hiver donc il en restait beaucoup et assez bas pour l’époque, environ à 2000m. Ce qui ne nous a pas tout le temps aidé pour monter avec les vélos là où je l’avais imaginé.
De quelle autonomie bénéficiez-vous avec vos e-Bike et est ce que vous arriviez à boucler vos journées avec de la batterie ?
Les parcours partaient toujours en bas de vallée, entre 800 et 1400m d’altitude, ce qui nous demandait d’effectuer environ 25 à 35 kms de VTT par jour. Ça ne paraît pas énorme mais avec le poids du matos de ski sur le vélo, tu es obligé de taper beaucoup dans l’assistance électrique du vélo et donc dans la batterie. Le premier jour on ne savait pas trop comment cela allait réagir et on fait les « cons » tout le long au max de l’assistance, du coup on a tous fini les 3 derniers kilomètres de montée sans assistance. Là vraiment ça a été très dur. On a rectifié le tir le jour d’après. Je pense que les kilomètres et le dénivelé positif que nous avons fait sur ce projet ne sont pas loin du maximum possible avec les e-bike pour ce genre de combo.
Parlons un peu de toi. Tu fais pas mal de petits « edits » sur les réseaux sociaux de tes sorties, mais si je ne me trompe pas c’est ton premier film d’une telle durée ? Qu’est ce qui t’as amené à vouloir réaliser un film de ski ?
En effet c’est la premier fois je monte un projet de film à destination des festivals et du web. Ce projet d’un combo « Ski + VTT » et donc ebike me tenait tellement à cœur que je voulais montrer mes 2 passions et surtout que cette combinaison a du sens, elle peut ainsi ouvrir des portes à une nouvelle façon de voir la montagne entre les saisons.
La plus grosse galère au cours de ces 5 jours de sk’e bike ?
Pas de soucis majeurs sur cette aventure, mais quelques anecdotes dont une qui n’est pas dans le film. Au refuge non gardé, pas de bol il y avait déjà 3 randonneurs qui étaient installés. Nous, nous étions 6 et la capacité du refuge d’hiver est de 8 couchages. Deux d’entre nous, on dû coucher ensemble. On ne s’y attendait pas du tout car ce jour là il pleuvait à bloc et l’accès sans les skis au refuge depuis Mottaret est hyper long. Les conditions de ski au dessus n’étaient pas folles non plus, on pensaient tous (eux comme nous) se retrouver seuls au refuge. C’est le concept même du refuge d’hiver, tu ne sais pas ce que tu vas y trouver.
Le plus beau souvenir de ces 5 jours ?
La journée où on a fait l’Aiguille du Fruit. C’est une montagne que l’on a skié plein de fois mais pour le film on a choisi une variante dans un filon raide et étroit (2m de large) qu’aucun de nous n’avions déjà skié. Dans la foulée, la partie VTT se ride jusqu’à Bozel sur des « single » en forêt qui sont incroyables. Bref le combo ski + VTT dans tout sa splendeur.
As-tu d’autres projets dans les cartons ?
J’aimerai beaucoup faire une suite à Sk’e Bike, certainement en testant le combo sur d’autres périodes de l’hiver, sur des altitudes de massifs différentes ainsi qu’ avec de nouveaux riders d’horizons différents.
Je tenais aussi à remercier les 3 Vallées et à Scott Bikes pour leur soutien pour ce projet.