© NatGeo / jimmychin.

Jim Morrison skie le couloir Hornbein à l’Everest

Un exploit historique dans le monde du ski de pente raide

Le 14 octobre 2025, Jim Morrison a marqué l’histoire du ski de montagne en devenant le premier à descendre à ski la face nord de l’Everest par le mythique couloir Hornbein. Une performance hors norme, réalisée en 4h05, dans un environnement extrême, à plus de 8 000 mètres d’altitude. Derrière cet exploit, il y a une promesse, une histoire personnelle, et une technicité qui force le respect. C’est la ligne la plus directe pour descendre la face nord de l’Everest. Certainement la plus belle. La plus dangereuse aussi. Ce couloir se compose d’une pente avoisinant parfois les 60°, une extrême technicité et une exposition interdisant tout faux pas, le tout à plus de 8 000 mètres d’altitude, dans la zone de la mort. Le couloir Hornbein était considéré par les skieurs de pente raide comme la dernière grande énigme non résolue à ce jour. 

Un couloir mythique

Ce couloir, situé sur la face nord de l’Everest, est une ligne légendaire dans le monde de l’alpinisme. Ouvert en 1963 par l’expédition américaine de Tom Hornbein et Willi Unsoeld, il est réputé pour sa verticalité, son exposition et ses conditions souvent instables. 

Descendre ce couloir à ski relève de l’impossible pour beaucoup. L’altitude extrême, les risques d’avalanche, les séracs, les pentes à plus de 50°, le manque d’oxygène, et la complexité logistique rendent toute tentative hautement périlleuse. Jusqu’à présent, aucune descente intégrale n’avait été réalisée par cette ligne. Jim Morrison vient de changer cela.

4h05 d’une intensité rare dans la face

Le 14 octobre, après une acclimatation minutieuse et une météo favorable, Jim Morrison s’élance depuis le sommet de l’Everest. Il entame une descente directe dans le Hornbein, skis aux pieds, sans corde ni rappel. En 4h05, il trace une ligne fluide et engagée, alternant virages serrés, traversées exposées et sections de neige dure.

À cette altitude, chaque mouvement est coûteux. Le corps souffre, le souffle est court, la lucidité est mise à rude épreuve. Morrison a dû composer avec des conditions changeantes : neige croûtée, plaques de glace, passages étroits. Il a skié avec précision, en gardant une marge de sécurité, mais sans jamais perdre le rythme.

Cette descente n’est pas seulement une performance physique. C’est une démonstration de maîtrise technique, de préparation mentale et de connaissance fine du terrain. Morrison a étudié la ligne pendant des années, analysé les précédentes tentatives, et attendu le bon moment pour réaliser cette descente que de nombreux skieurs et snowboardeurs rêvaient de descendre. Cette descente est si technique que seulement trois personnes l’ont tenté avant Morisson, et ce en vain. D’abord les Suisses Jean Troillet et Dominique Perret en 1996, puis le français Marco Siffredi en 2002 qui n’en reviendra pas.

Jim et Hilaree, une histoire à part dans le monde du ski de pente raide

Pour ceux qui lisent ce blog, Jim Morrison n’est pas un inconnu dans le monde du ski de montagne. Alpiniste chevronné, skieur de pente raide, il a déjà signé plusieurs descentes majeures dans l’Himalaya, notamment le Lhotse en 2018, avec sa compagne Hilaree Nelson dont je vous avais parlé dans cet article. Ensemble, ils formaient un duo emblématique, alliant engagement, humilité et passion pour les grandes lignes.

Hilaree Nelson, disparue tragiquement en 2022 sur le Manaslu, était une figure inspirante du ski de montagne. Cette descente du Hornbein est aussi un hommage. Jim l’avait promis : il skierait cette face pour elle. Ce projet, mûri dans la douleur et la mémoire, prend une dimension intime et symbolique.

Leur parcours commun a marqué une génération de skieurs. Ils ont repoussé les limites du ski de haute altitude, tout en gardant une approche respectueuse de la montagne. Le Hornbein est le prolongement naturel de cette quête.

Un film à venir au sujet de cette descente mythique

Ça devait arriver, cette première historique va avoir droit à son documentaire. Baptisé Everest North (titre provisoire), le film est actuellement en post-prod chez « Little Monster Films ». Derrière la caméra, on retrouve Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, le duo qui a cartonné avec le film « Free Solo » récompensé d’un Oscar en 2019.

Produit par National Geographic Documentary Films, avec The North Face au générique, le long métrage promet « une odyssée physique et émotionnelle« . Au programme : des images de la mythique face nord et une plongée dans l’aventure humaine de cette expé pas comme les autres.

Jim Morrison vient donc d’ouvrir une nouvelle page du ski de pente raide en très haute montagne. En descendant le couloir Hornbein à ski, il réalise une première mondiale, mais surtout, il honore une promesse, une mémoire, et une passion intacte pour les grandes lignes. Ce projet, à la croisée du ski de pente raide et de l’alpinisme engagé, rappelle que l’Himalaya reste un terrain d’exploration pour les skieurs les plus audacieux.