@Andrzej Bargiel

Andrzej Bargiel réalise l’exploit de descendre l’Everest à ski sans oxygène

Andrzej Bargiel réalise l’exploit de descendre l’Everest à ski sans oxygène

Quand on pense aux exploits impossibles, on se dit généralement qu’ils appartiennent au passé. Andrzej Bargiel vient de réaliser ce lundi ce que personne n’avait jamais osé : descendre intégralement l’Everest à ski depuis le sommet jusqu’au camp de base, le tout sans oxygène supplémentaire. Un exploit qui redéfinit les limites de l’alpinisme moderne et du ski de haute montagne. Mais derrière cette prouesse se cache une rivalité passionnante entre deux Polonais qui se disputent la course à ski des 14 sommets de 8000 mètres.

La zone de la mort n’a plus de secrets pour lui

Seize heures passées dans la fameuse « zone de la mort » – voilà le prix qu’Andrzej Bargiel a dû payer pour entrer dans l’histoire du ski de montagne. Pendant que la plupart des alpinistes fuient cette altitude mortelle au-dessus de 8000 mètres, le Polonais de 37 ans y a planté ses skis et tracé sa route.

« Skier l’Everest sans oxygène était un rêve qui grandissait en moi depuis des années. Je savais que les conditions difficiles de l’automne et le tracé de la descente à travers le glacier du Khumbu seraient le plus grand défi que je pourrais jamais affronter« , confie-t-il après son exploit. Des mots qui résonnent comme un euphémisme quand on sait que de fortes chutes de neige ont compliqué sa descente et l’ont contraint à bivouaquer en altitude.

L’exploit prend une dimension historique supplémentaire : contrairement au Slovène Davo Karnicar qui avait réalisé la première descente à ski complète de l’Everest en 2000 mais avec de l’oxygène sur les sections supérieures, Bargiel a skié sans assistance respiratoire de bout en bout. Une différence qui change tout dans un environnement où chaque molécule d’oxygène compte.

La guerre froide des 8000 mètres

Mais cet exploit s’inscrit dans un contexte plus large : la course effrénée que se livrent deux Polonais pour devenir le premier à skier les 14 sommets de plus de 8000 mètres. Face à Andrzej Bargiel, un certain Bartek Ziemski mène actuellement la danse avec déjà 7 sommets skiés à son actif.

Ziemski, 30 ans, a débuté sa quête en 2022 avec le Broad Peak, puis enchaîné la même année avec le Gasherbrum II. Depuis, l’homme collectionne les premières : après avoir réussi la descente du Makalu, il vient de skier le Kangchenjunga, dernier 8000 à ne jamais avoir été skié. Une stratégie méthodique qui contraste avec le coup d’éclat de Bargiel sur l’Everest.

Ziemski vient d’ailleurs de compléter son septième sommet en dévalant le Manaslu sans oxygène ni assistance sherpa, prouvant que la bataille fait rage entre les deux compatriotes. Chacun développe sa propre approche : Bargiel mise sur les exploits spectaculaires, Ziemski sur la régularité et l’innovation technique.

Le défi technique de l’automne himalayen

Choisir l’automne pour tenter l’Everest à ski relève de la folie calculée. Les conditions météorologiques sont imprévisibles, les chutes de neige fréquentes et les fenêtres météo rarissimes. Mais c’est précisément ce qui rend l’exploit de Bargiel si remarquable.

L’alpiniste polonais n’en est pas à son premier fait d’armes sur les géants de l’Himalaya. Sa réputation s’est forgée sur des descentes à ski d’autres 8000, notamment le Gasherbrum II en 2019, déjà sans oxygène. Cette expérience lui a donné les clés pour aborder sereinement l’Everest, même si rien ne peut vraiment préparer à l’ampleur du défi.

La descente elle-même a nécessité une adaptation constante : navigation dans les séracs du glacier du Khumbu, gestion de la fatigue extrême liée au manque d’oxygène, et surtout, maintien de la concentration sur 8849 mètres de dénivelé. Un exercice d’équilibriste où la moindre erreur peut être fatale.

L’aspect technique ne doit pas faire oublier la dimension purement physique : skier sans oxygène à cette altitude sollicite le corps humain au-delà de ses limites physiologiques normales. Chaque virage devient un combat, chaque respiration un effort conscient.

Conclusion : l’âge d’or du ski de montagne polonais

Au-delà de la performance individuelle, c’est toute une école polonaise qui s’affirme sur les plus hauts sommets du monde. La rivalité entre Bargiel et Ziemski pousse les deux hommes à se dépasser, créant une émulation qui profite à tout le mouvement du ski de montagne.

Reste à savoir qui des deux terminera en premier le défi des 14 sommets de 8000 mètres. Avec cet Everest dans la besace, Bargiel a marqué un point psychologique majeur. Mais Ziemski, fort de ses 7 sommets déjà au compteur, garde l’avantage numérique.

Une chose est sûre : cette course au sommet nous promet encore de beaux moments de suspense. Et quelque part dans l’Himalaya, d’autres skieurs rêvent déjà de les rattraper. Le ski de montagne n’a décidément pas fini de nous surprendre.