Mais qu’est ce que la Freerando ?

Nous n’entendons parler que de cela dans le domaine du ski de randonnée, mais de quoi parle-t-on vraiment lorsque l’on nous parle de Freerando ?

Parle-t-on simplement d’un nouveau concept marketing ou d’une réelle avancée dans le monde du ski de randonnée ? Essayons d’y voir plus clair dans ce nouveau jargon.

Explication de « texte » ?

Mais tout d’abord que veut dire le terme Freerando ? C’est la contraction de «freeride / randonnée» (ou encore issu des termes free ski-touring, free backcountry ou encore free mountaineering en anglais) qui vise à permettre au skieur d’utiliser des skis plus larges et plus légers pour la pratique de la randonnée à ski, et ce, sur de plus courtes ascensions ou depuis le sommet de remontées mécaniques.

On parle surtout d’un concept arrivé il y a de cela quelques saisons, et c’est maintenant plus qu’un épiphénomène. C’est bel et bien une pratique du ski de randonnée accompagnée d’une gamme de produits destinée à la pratique de la rando, dite « de proximité ».

Session freerando du côté de Gressoney, en Italie.

Certains voient la tendance freerando comme « un souffle nouveau de jeunesse sur la pratique du ski de randonnée… »
ou encore « une évolution culturelle et matérielle qui redonne toutes ses lettres de noblesse à la descente avec plus de skiabilité sans trop sacrifier au poids du matériel pour la montée ».

Ainsi depuis 3 ans les marques du secteur investissent dans ce segment, car les gammes «freeski» et «freeride» arrivent à maturité et la communication sur ces segments a été plus qu’usée. Les gammes «all-mountain» n’ont jamais réellement su se tailler une place claire dans l’esprit des consommateurs et dorénavant la gamme «Freerando» va venir clairement s’intercaler entre ces gammes existantes, tout en étant une passerelle vers une nouvelle pratique pour certain nombre de pratiquants, à savoir le ski de randonnée.

La vraie différence est que les marques sont en constantes recherches de levier de croissance, y compris pour permettre à leurs gammes plus « classiques » de bénéficier de nouvelles évolutions techniques.

Lorsque l’on parle d’une évolution matérielle c’est indéniable, toute la pratique bénéficie de cet élan initié par les fabricants.

Il faut garder à l’esprit que le marché est globalement de 15’000 paires par an pour le ski de randonnée pur, dans un marché estimé du ski de 400’000 paires. Le nombre de pratiquants avoisine les 100’000 pour une population d’un peu plus de 4 millions de skieurs en France. Donc l’eldorado Freerando dont on parle est encore loin d’être une réalité pour les fabricants.

salomonrando
Salomon serait typiquement une marque qui arriverait prochainement en force sur le segment Freerando

Ainsi nous devrions plutôt parler d’une nouvelle segmentation, sur ce marché mature qu’est maintenant celui du ski de randonnée.

Dans la famille des randonneurs à ski, on pourrait distinguer maintenant 4 familles:

  • Le randonneur compétiteur à la recherche de l’ultra light,
  • Le randonneur touring classique privilégiant le poids dans une approche régulière (qui représente la majorité de la population des randonneurs à ski)
  • Le randonneur Freerando qui croît avec un profil jeune plutôt axé sur la descente,
  • Enfin une famille pure freeride avec l’usage de skis large et de fixations de randonnée axées sur la descente.

Quelle différence avec le ski hors piste pratiqué par mon père il y a 30 ans ?

La réponse est simple : il n’y a aucune réelle différence en terme de pratique.

Lorsque l’on parle de «vent de jeunesse sur la pratique [du ski de rando]» c’est selon moi un gros raccourci, car il n’a pas fallu attendre l’apparition de ce nouveau concept marketing pour que les skieurs sortent des pistes pour aller skier des itinéraires et même parfois porter leurs skis pour accéder à ces types de secteur.

Mon père skiait dans les années 1970/80 avec des skis de 2m10, fins comme des allumettes, et n’hésitait pas à sortir des sentiers battus lorsqu’il le pouvait. Je vous promets qu’il skiait tout aussi fort que n’importe quel skieur actuel, si ce n’est que sa technique devait être efficace pour tourner ses grands skis dans 50cm de fraîche tout comme dans des neiges difficiles, à la différence de maintenant… Il paraît même que notre terrain de jeu, à savoir nos belles montagnes, n’ont pas grandi et que la neige n’est pas plus abondante qu’auparavant [elle aurait même tendance à se faire plus rare].

Mais le matériel a quant à lui évolué et c’est de cela dont on devrait uniquement parler lorsque l’on évoque la freerando, en aucun cas d’une évolution culturelle. Le matériel ne fait que nous accompagner et bonifie cette culture du ski.

freerando004
Skis larges, fixations typées alpin mais permettant de marcher, le cocktail typique d’un équipement Freerando.

Panoplie complète pour randonneur moderne

Les équipementiers qui accompagnent cette tendance proposent une offre de plus en plus adaptée et riche. On ne parle plus forcément que des skis mais aussi des fixations, des peaux, des chaussures et de la sécurité qui va autour : c’est donc toute une panoplie que les marques cherchent à proposer aujourd’hui derrière ce concept de Freerando afin de trouver de nouveaux leviers de croissance au delà du simple ski…

Il est vrai qu’avec le matériel actuel, le ski en poudreuse est devenu accessible à plus de pratiquants. Dans ce contexte, la pratique du ski hors-piste de proximité s’est largement répandue ces dernières années dans la plupart des domaines skiables, et il faut désormais pousser un peu plus loin pour trouver des pentes vierges, a fortiori quelques jours après la dernière chute de neige.

On ne fait que réinventer le hors piste à la sauce actuelle avec des codes nouveaux et un matériel moderne.

Marker-kingpin002
La Marker Kingpin est un bon exemple récent de développement d’une fixation hybride entre système à pin et une talonnière alpine, purement orientée Freerando

Car finalement c’est cela la pratique Freerando : atteindre un sommet ou un col en faisant relativement peu de montée en station (en marchant ou en peaux de phoques) ou depuis le haut du domaine skiable, que ça soit l’arrivée d’une remontée mécanique ou au détour d’une piste. On ne fait que réinventer le hors piste à la sauce actuelle avec des codes nouveaux et un matériel moderne.

Les lignes bougent dans le monde du ski…

Pendant longtemps, le ski de randonnée était le seul moyen de parvenir à cette quête d’espace vierge, avec une image assez élitiste la réservant aux sportifs aguerris ou aux personnes d’un certain âge. De plus le matériel et notamment les skis légers plus adaptés à la montée qu’à la descente étaient un frein important à la découverte de ce milieu et de tout ce que cette pratique permet de découvrir.

Désormais les lignes bougent. On a commencé à mixer le meilleur des ingrédients du ski alpin en le rapprochant du ski de randonnée, pour aboutir à une discipline un peu plus sexy, plus vendeuse, plus facile à « marketer » car dans l’ère du temps par rapport à ce que recherche le consommateur : grands espaces, liberté, goût de l’effort (mais limité) et au final on nous pond de la Freerando.

Au final, c’est le randonneur classique, que nous sommes, qui bénéficie de toutes ces évolutions technologiques.

Il ne faut cependant pas négliger cette pratique car même si elle paraît très accessible, elle nécessite quand même un bon repérage préalable du terrain, une bonne appréciation des conditions nivologiques, une prise en compte de la météo récente, et l’utilisation du matériel de sécurité habituel (DVA, pelle et sonde). Tout  cela n’est pas quelque chose qui s’invente mais qui s’acquiert dans le temps avec l’expérience et la pratique du ski de randonnée.

Combinaison gagnante pour les randonneurs classiques

Au final c’est le ski de randonnée qui en sort gagnant, car une nouvelle population pourra découvrir le goût de l’effort en montagne en commençant par une pratique plus Freerando qui lui procurera l’envie d’aller plus haut, de marcher plus longtemps avec des skis aux pieds.

Mais ce seront surtout les randonneurs classiques, que nous sommes, qui bénéficieront au final de toutes ces évolutions technologiques. Quant à un vent de renouveau, nous n’avons pas attendu les nouvelles recettes marketing des grands équipementiers pour vivre avec cette culture du ski qu’ils cherchent à nous vendre dorénavant… en masse.

Et vous, qu’en pensez vous ?

Offre partenaire

Arva Evo 5

D.V.A. (Détecteur de Victimes d’Avalanche) – Evo 5 – Arva »»

Snowleader
250€
Barryvox

DVA (Détecteur de victimes d’avalanche) – Barryvox – Mammut »»

Snowleader
299€
WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com